lundi 13 octobre 2008

Tu es heureuse ?

Aujourd'hui. Mon mari, mon fils et moi nous promenons tranquillement. Belle journée d'octobre. J'observe la lumière s'échappant des fenêtres de maisons inconnues; parfum d'automne, une promesse d'hiver se dessine, j'entrevois le coin du feu, la dinde et le vent froid qui rend les joues roses. Mon mari me demande soudain : "Ca va? Tu es heureuse?".


Je le regarde, surprise par la question, cherchant dans ses yeux une marque de plaisanterie, laisse échapper quelques secondes et réponds : "oui". Mais non.


Non. Je ne suis pas heureuse. Je n'aime pas cette question. C'est celle de mon père, qui doit penser se défaire d'une culpabilité cachée en me forçant implicitement à lui répondre inlassablement "oui". Comment pourrais-je avouer le contraire ? Je ne sais même pas ce qu'il en est vraiment.


A mon mari, je ne peux répondre en toute honestie car il est trop lié à ma situation et qu'il en est en partie responsable. A mon père, finalement, c'est la même chose. Me demandent-ils vraiment quelque chose ou cherchent-ils à se rassurer eux-mêmes? Mon père, c'est sûr, deuxième option. Dans son "Tu es heureuse ?" j'entends "Ai-je fait de toi quelqu'un de bien ?". Mon mari c'est différent.


En tout cas. Ma situation ne me satisfait pas. Je ne travaille pas. Je m'occupe de mon fils, encore tout petit. Et je m'ennuie. Je ne corresponds pas à la femme que j'aimerais être. Et pourtant, ça ne dépend que de moi. C'est bien le plus difficile, les choses qui dépendent de moi. Je suis complètement dépendante. Vous m'aviez dit un jour que c'était normal, qu'il fallait l'accepter. Je ne sais pas ce que je fous. Je change d'avis tout le temps, m'enthousisasme pour des choses et me retrouve sans énergie dans l'heure qui suit. Je prends des décisions en vitesse après avoir pourtant réfléchi des heures. Je n'arrive pas à me focaliser sur quelque chose et m'y tenir. Je vis dans un rêve. Dans une illusion.


En fait, c'est dur d'écrire sans barrières.


Je crois que je me méprise. J'ai honte de moi. Je ne suis pas fière de moi. C'est ce qui me handicape le plus dans la vie. Je prends soin de mon fils en pensant à ce que je pourrais faire à la place et que je ne fais pas. Du coup, j'ai l'impression de ne pas être disponible pour lui même en étant avec lui toute la journée. Des fois, je me dis qu'il s'ennuie, alors qu'il est tout petit. Et quand je vois qu'il préfère son père à moi, ça m'agace et j'ai beau me dire que tant mieux, il adore son papa, je suis jalouse mais je crois que quelque part ça me conforte dans mon schéma. C'est normal puisque je ne suis pas entièrement heureuse d'être tout le temps avec lui. Moi je serai toujours en deuxième position. Je pensais à cette phrase ce matin: "il y a ceux qui réalisent leurs rêves et il y a ceux qui réalisent ceux des autres". Moi c'est deuxième choix.

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